Gant de velours

Tout ce que tu n'as pas osé dire sur le monde ou à ta belle-mère. Considérations, pensées existentielles et poussières d'étoiles dans tes yeux. Du concentré d'humain, parfois reconditionné.

image_author_Angéline_Lcmb
Par Angéline Lcmb
10 août · 2 mn à lire
Partager cet article :

Résidence secondaire

Jour 1 à 3 - Au commencement était le Verbe / Journal de bord d'une aventure littéraire à la recherche de l'inspiration perdue, entre dictionnaire des synonymes, pots de houmous et piscine au soleil.

Jour 1 - Le chant du cygne

Lendemain de soirée. On vient d’arriver. Tête bourrée. Pleine d’idées, mais embrouillée.

Je sais pas si une chance comme celle-ci me sera un jour redonnée. Alors autant la saisir. A fond.

Je me demande pourquoi l’humain se décide toujours à agir au bord du précipice. Pourquoi il se rappelle qu’il est vivant, à deux pas de la mort. Qu’il se souvient de la valeur des choses, quand elles menacent de disparaître.

Nous avons décrété cette résidence d’écriture, à quelques semaines de la reprise d’une vie lambda.

Un dernier mois à savourer la liberté d’un emploi du temps déchargé des contraintes du quotidien. Une dernière chance. Ou la première d’une longue série. En tout cas, c’est ce que je me souhaite.

Je sais pas ce que ça va donner. Ni même si ça donnera quelque chose.

Au moins, ce temps aura le mérite de m’offrir un aperçu de cette vie rêvée.

C’est l’occasion de m’affronter et de terrasser mes démons. Dans mon esprit, ils se nomment Procrastinator, Super Imposteur, ou Flemmingitus. D’ailleurs, vous avez intérêt à bien vous comporter, bande de p’tits malins. J’ai du travail.

Sinon, je vous envoie vous faire rôtir le cul dans les flammes de l’Enfer de la Création.

J’ai pas envie de regretter de ne pas avoir su saisir cette chance inopinée.

Alors, peu importe ce que vous en penserez : ce mois-ci, on va créer. Pas seulement sur une étoile ou un oreiller. Mais plutôt au bord de l’eau et avec beaucoup de crème solaire.

Je déclare cette résidence d’écriture non-officielle : ouverte !


Jour 2 – Le temps est bon

Le ciel est bleu. Aussi clair que l’eau de la piscine à mes pieds.

Y a  pire comme résidence d’écriture.

Est-ce que j’ai réellement écrit hier ? Pas vraiment. J’ai plutôt rêvé. Et comaté, pour récupérer des excès du week-end. J’ai consacré ma journée à l’acclimatation à ce presque nouvel environnement de travail, qui plus est privilégié, ça ne fait aucun doute.

Pour la première fois me semble-t-il, je savoure le silence. Et la solitude choisie.

Peut-être vais-je opter pour un plongeon dans la piscine avant de me coller à la rédaction et au travail narratif.

Ce matin, j’ai choisi d’effectuer mes quelques tâches administratives inhérentes à la gestion de mon activité d’auto-entreprise. Et à ma recherche d’emploi. Je n’ai pas la tête à organiser des choses. Ni à adopter une stratégie de communication agressive pour récolter, au mieux, quelques « likes », et au pire, une fiche de réservation d’ateliers encore et toujours vide.

Mon esprit est ailleurs. Dans les étoiles. Comme sur la terrasse de la maison, cette nuit. Mon cerveau a besoin de ces moments de creux, de ce vagabondage existentiel dépourvu de contraintes capitalistes (aka le besoin de fric), pour bien fonctionner.

Il est temps que je me replonge dans ce roman. Que je me refamiliarise avec ses contours, qui me semblent encore si flous. Que je m’amuse à nouveau avec les mots, avec les personnages.

Ou que je prenne le parti du laboratoire d’idées. D’oser expérimenter. De concrétiser des schémas ou des histoires qui sortent des sentiers battus.

Par où commencer ?


Jour 3 – De l’eau dans le gaz

La douceur de l’été s’invite dans mes pensées et dans mon cœur qui traîne au bord de la piscine…

Il est à peine midi, et je ne veux qu’une seule chose : me larver au soleil en écrivant tous les romans du monde, dans ma tête. Pourtant, il faut bien qu’ils existent, ces héros et héroïnes qui bousculent mes neurones.

Je me suis lancée dans l’écriture d’une nouvelle, hier. J’ai longtemps divagué, me demandant sur quoi j’avais envie de travailler. J’ai tenté la reprise de Glitch, reposé le schéma narratif. Mais j’ai ressenti comme un manque d’une information essentielle, qui me permettrait de desserrer le nœud qui s’était créé ces derniers mois. J’ai cherché à le comprendre. A en trouver une issue. Puis je me suis résignée.

Je commence à réaliser les histoires de « timing ». Si ce n’est pas le moment d’obtenir une clé de compréhension, rien ne sert de forcer. Et c’est sûrement en détournant mon attention de cet objectif premier que je vais décrocher le sésame tant convoité.

Je me suis donc rabattue sur la rédaction d’une nouvelle que j’avais déjà en tête depuis l’an dernier. Et qui est reliée au souvenir d’une bouillabaisse hors-de-prix. J’ai plutôt envie d’en faire une petite histoire engagée, qui parle de capitalisme, de richesse matérielle et d’excès en tous genres.

Je m’aperçois que j’ai besoin de moments de rêveries, de pauses nerveuses où mon cerveau est volontairement plongé dans un état quasi hypnotique, pour mieux construire et développer mes idées. Ces états de « non-faire » constituent en réalité une part non-négligeable de mon processus créatif.

A voir où il me mènera aujourd’hui…